Stage avec Michael Forbes, les 3 et 4 Mars 2018
Après avoir été musicien et danseur, Michael pratique le Yoga depuis 1972 et la méthode Iyengar depuis 1982. Formé comme enseignant à San Francisco
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« Yoga » veut dire union. Le yoga est l’union de l’âme individuelle avec l’esprit universel.
La science du yoga nous aide à entretenir le corps comme un temple afin qu’il devienne aussi pur que l’âme. Le corps est apathie, le mental vibrations et l’âme lumière. En développant le corps, la pratique du yoga l’amène au niveau des vibrations du mental, de telle sorte que, devenus tous les deux vibrants, le corps et le mental soient attirés vers la lumière de l’âme.
Le Haṭha Yoga Pradīpikā dit que le yoga est « prāṇavṛtti-nirodha », qu’il arrête les fluctuations du souffle. Les Yoga Sūtras de Patañjali disent que le yoga est « chittavṛtti-nirodha », qu’il arrête les fluctuations du mental. Le mental peut aller dans plusieurs directions en un quart de seconde. Ses mouvements sont très rapides et très variés. Mais le souffle ne peut pas aller dans plusieurs directions à la fois ; il ne connaît qu’un seul parcours : inspiration et expiration. Il peut s’arrêter pendant un instant en rétention, mais il ne peut pas se diversifier comme le mental. Selon le Haṭha Yoga Pradīpikā, contrôler le souffle et observer son rythme amène la conscience à l’immobilité. Ainsi, bien que le Haṭha Yoga Pradīpikā commence par le contrôle du prāna, du souffle ou de l’énergie, et que les Yoga Sūtras de Patañjali commencent par le contrôle de la conscience, ils se rejoignent pourtant en un certain point et il n’y a finalement aucune différence entre eux. En contrôlant le souffle on contrôle la conscience, et en contrôlant la conscience on rythme le souffle.
Le yoga est traditionnellement divisé en huit étapes ou aspects appelés yama, niyama, āsana, prāṇāyāma, pratyāhāra, dhāraṇā, dhyāna et samādhi.
Bien que le yoga soit souvent considéré en Occident comme étant purement physique, il est aussi physiopsychologique et psychospirituel. C’est une science qui libère le mental de l’asservissement du corps et le conduit vers l’âme. Quand le mental atteint l’âme et fusionne avec elle, celle-ci est libérée et demeure par la suite dans la paix et la béatitude. Si l’on garde un oiseau en cage, il n’est pas libre de ses mouvements. Dès qu’on ouvre la cage, l’oiseau se saisit de sa liberté et s’envole. L’homme atteint cette même liberté quand le mental est délivré de l’asservissement du corps et vient reposer dans le sein de l’âme.
Le yoga agit sur chaque individu dans le sens d’un développement et d’une amélioration personnels sur le plan physique, mental, affectif et spirituel.
Le yoga concerne d’abord le développement individuel, mais c’est par le développement des individus que s’effectue celui de la société et de la communauté.
Dans le deuxième chapitre des Yoga Sūtras, Patañjali parle de avidyā et asmitā, l’ignorance et l’orgueil, qui sont des défauts intellectuels, de rāga et dveṣa, le désir et l’aversion, qui sont des défauts affectifs, et de abhiniveśa, la peur de la mort, qui est un défaut instinctif (Yoga Sūtras, II, 3-9). En cultivant le corps, le mental et la conscience, celui qui pratique le yoga vainc les défauts de l’intellect, équilibre le cœur, siège des émotions, et affermit ses intuitions. Le yoga conduit à ce bonheur où l’on est libéré des imperfections de l’intelligence, de l’affectivité et des instincts. Les différents textes qui parlent du yoga en font ressortir différents aspects, mais tous parlent du même processus de développement spirituel.
Quand vous travaillez une posture de yoga, savez-vous trouver le point d’équilibre délicat qui se situe entre la posture prise dans son amplitude maximale et la posture prise au-delà de ce point si bien que l’effort est trop grand et crée une mauvaise tension dans le corps ?
Quand vous exagérez l’étirement quelque part pour obtenir le mouvement optimal, avez-vous jamais remarqué que vous portez alors trop peu d’attention aux autres parties du corps ? Cela perturbe le corps et le fait trembler. Si la racine d’un arbre est faible, l’arbre lui-même ne peut pas être fort. Supposez que vous faites la posture sur la tête. Que se passe-t-il si vous étirez vos jambes pour bien faire la posture et laissez les muscles de votre cou se relâcher, ou si vos coudes n’adhèrent pas fermement au sol, si bien que vous prenez peur de tomber ou de vaciller ? Parce que les muscles forts essaient de maîtriser la posture, les muscles faibles cèdent. Quand vous faites la posture, vous devez donc maintenir un étirement continu du sol au sommet sans laisser aucune partie s’affaisser. Quand vous étirez vos jambes, vous devez envoyer un signal d’alarme à vos bras : « J’étire une jambe, aussi ne relâchez pas votre attention ! » C’est ce qu’on appelle une prise de conscience. Parce que nous relâchons notre prise de conscience et que notre attention est partielle, nous ne savons pas si nous tenons bon ou pas.
Vous pouvez perdre le bénéfice de ce que vous faites en concentrant trop d’attention sur une seule partie du corps pour essayer de parfaire la posture. Sur quoi vous concentrez-vous ? Vous essayez de parfaire la posture, mais d’où à où ? C’est là que les choses se compliquent. Focaliser son attention sur un seul point, c’est de la concentration. Focaliser son attention sur tous les points à la fois, c’est de la méditation. La méditation est centrifuge aussi bien que centripète. Dans la concentration, vous cherchez à vous concentrer sur un seul point et les autres points perdent leur potentiel. Mais si vous étendez la concentration de la partie allongée à toutes les autres parties du corps, sans perdre la concentration sur la partie allongée, alors vous ne perdrez ni l’action intérieure ni l’expression extérieure de la posture et cela vous apprendra ce qu’est la méditation. Dans la concentration, il y a un point de focalisation ; dans la méditation, il n’y en a pas. C’est cela le secret.
Dans la concentration vous allez probablement oublier certaines parties du corps en focalisant votre attention sur d’autres parties. C’est pourquoi certaines parties du corps deviennent douloureuses. C’est parce que les muscles négligés perdent leur force faute d’attention. Mais vous ne pourrez pas savoir que vous les négligez parce que ce sont précisément les muscles dont vous n’avez plus pris conscience à ce moment-là. Il y a une chose dans le yoga que vous devez tous savoir : c’est la partie la plus faible qui est la source de l’action.
Dans toute posture de yoga, deux choses sont requises : sens de l’orientation et centre de gravité. Nous sommes nombreux à ne pas penser au sens de l’orientation alors qu’il faut maintenir dans chaque posture à la fois le sens de l’orientation et le centre de gravité. Pour maintenir le centre de gravité, les muscles doivent tous s’aligner les uns avec les autres.
S’il y a étirement excessif de certains muscles, le centre de gravité se déplace aussi. Par insensibilité, on risque de ne pas s’en rendre compte. Insensibilité veut dire qu’une partie du corps est atone – qu’elle n’a pas de conscience – et c’est justement là que se produira une douleur. Vous pouvez avoir l’impression qu’il n’y a aucune douleur pendant que vous exécutez la posture, mais la douleur vient plus tard. Comment se fait-il que vous ne sentiez aucune douleur sur le moment ?
Prenez l’exemple d’une douleur dans le dos au-dessus des ischions après avoir exécuté une flexion en avant comme paśchimottānāsana. Si vous avez ce problème, observez la prochaine fois que vous ferez cette posture qu’une jambe touche le sol tandis que l’autre fesse est légèrement soulevée, et qu’un muscle sacro-iliaque s’allonge sur sa partie externe tandis que de l’autre côté c’est la partie interne du muscle qui s’allonge. Cela est dû au fait qu’un muscle est sensible et l’autre insensible. Ils se meuvent chacun selon les souvenirs et l’intelligence acquis qui leur sont propres.
Êtes-vous conscients de toutes ces choses ? Peut-être pas, parce que vous ne méditez pas dans les postures. Vous faites la posture, mais vous ne réfléchissez pas une fois que vous l’avez prise. Vous vous concentrez, en essayant de bien faire la posture. Vous voulez faire pour le mieux, mais vous faites pour le mieux d’un seul côté seulement. C’est ce qu’on appelle concentration, non méditation. Vous devez déplacer le faisceau de conscience centré sur le côté optimal pour englober l’autre côté également ; c’est indispensable pour une bonne pratique.
Si vous avez un problème quelconque, observez ce qui se passe dans la posture. Y a-t-il alignement ou n’y a-t-il pas alignement ? Peut-être que votre foie est étiré, mais que votre estomac est contracté ; ou peut-être est-ce l’inverse. Votre professeur peut lui aussi observer cela et toucher la partie concernée pour vous aider à étirer l’estomac ou le foie afin qu’ils soient de niveau et que vous trouviez la façon correcte d’ajuster vos organes et de les placer.
Revenons à la question de l’effort. Si vous observez l’effort engagé pour faire une posture quand vous êtes débutant et puis si vous continuez à observer l’effort fourni au fur et à mesure de vos progrès, vous constaterez que l’effort devient de moins en moins grand, mais que le niveau d’exécution de l’āsana s’améliore. Le degré d’effort physique diminue et celui de l’accomplissement augmente.
En travaillant, vous pouvez éprouver une gêne due à l’imprécision de votre posture. En ce cas, il faut apprendre à l’assimiler. Vous devez faire un effort de compréhension et d’observation : « Pourquoi ai-je une douleur en ce moment précis ? Pourquoi ne l’ai-je pas à un autre moment ou avec un autre mouvement ? Que dois-je faire avec cette partie de mon corps ? Que dois-je faire avec cette autre partie ? Comment puis-je me débarrasser de cette douleur ? Pourquoi est-ce que je sens cette pression ? Pourquoi ce côté est-il douloureux ? Comment les muscles se comportent-ils de ce côté-ci et comment se comportent-ils de l’autre côté ? »
Vous devez poursuivre l’analyse, et l’analyse vous amènera à comprendre. L’analyse dans l’action est indispensable en yoga. Prenez de nouveau l’exemple de la douleur après avoir fait paśchimottānāsana. Vous avez mal quand vous avez fini la posture, mais les muscles avaient envoyé des messages pendant que vous étiez en train de l’exécuter. Comment se fait-il que vous ne les ayez pas reçus alors ? Vous devez comprendre quels messages arrivent des fibres musculaires, des muscles, des nerfs et de la peau du corps pendant que vous faites la posture. C’est alors que vous pourrez apprendre. Il ne suffit pas de faire l’expérience aujourd’hui et l’analyse le lendemain, car ainsi vous n’avez aucune chance de progresser.
L’analyse et l’expérimentation doivent aller de pair, et dans la pratique du lendemain vous devez continuer à réfléchir : « Est-ce que je refais la même posture ou bien y a-t-il une sensation nouvelle ? Puis-je pousser cette sensation un peu plus loin ? Si je ne le peux pas, qu’est-ce qui manque ? »
L’analyse dans l’action est le seul guide. On procède par tâtonnements. Plus on essaie, moins on se trompe. Alors les doutes diminuent, et, quand les doutes diminuent, l’effort diminue lui aussi. Tant qu’il y a des doutes les efforts sont plus grands parce que vous hésitez et dites : « Essayons ceci. Essayons cela. Faisons comme ci. Faisons comme ça. » Mais quand vous avez trouvé la bonne méthode, l’effort diminue parce que l’énergie qui se dissipe en diverses régions du corps est maîtrisée et ne se dissipe plus.
Il est vrai que dans l’analyse on commence par dissiper de l’énergie. Ce n’est plus le cas par la suite. C’est pourquoi l’effort diminue. L’orientation viendra, et, quand l’orientation est bonne, c’est le début de la sagesse. Quand on agit avec sagesse, l’effort n’est plus ressenti comme un effort – l’effort est ressenti comme une joie. Dans la perfection, ce que vous expérimentez et ce que vous exprimez s’équilibrent et s’accordent.
On ne peut pas séparer le corps du mental, et on ne peut pas séparer non plus le mental de l’âme. Personne ne peut tracer de frontières entre eux. En Inde, les āsanas n’ont jamais été pris pour de simples exercices physiques comme c’est le cas en Occident.
Quand nous commençons à travailler un āsana, nous ne faisons tous au début qu’effleurer la posture : notre travail sur la posture est périphérique ; c’est ce qu’on appelle action conative. Le mot conatus signifie effort ou impulsion, et conation désigne l’aspect actif du mental, qui inclut désir et volition. L’action conative est simplement l’action physique à son niveau le plus direct.
Puis, quand nous faisons physiquement la posture, tout à coup la peau, les yeux, les oreilles, le nez et la langue – tous nos organes de perception – sentent ce qui se produit dans la chair. C’est ce qu’on appelle action cognitive : la peau connaît, reconnaît l’action de la chair.
La troisième étape, que j’appelle communication ou communion, c’est quand le mental observe la rencontre entre la cognition de la peau et l’action conative de la chair et qu’on arrive à l’action mentale dans l’āsana. À ce stade, le mental entre en jeu et les organes de perception l’attirent vers les organes d’action pour voir ce qui se passe exactement. Le mental joue le rôle d’un pont entre les mouvements des muscles et les organes de perception ; il introduit l’intellect et le relie à toutes les parties du corps – fibres, tissus et cellules, jusqu’aux pores externes de la peau. Quand le mental est entré en jeu, notre manière de penser change. Nous examinons avec attention la sensation produite par l’action et la gardons en mémoire. Nous sentons ce qui se passe dans notre corps, et notre mémoire nous fait dire : « Qu’est-ce que c’est que cette nouvelle sensation que j’éprouve maintenant et n’éprouvais pas avant ? » Avec le mental vient le discernement. Le mental discerne ; il observe et analyse ce que ressent le corps devant, derrière, à l’intérieur et à l’extérieur.
C’est le stade de l’action réflexive.
Enfin, quand il y a une sensation globale dans l’action, sans aucune fluctuation dans l’étirement, action conative, action cognitive, action mentale et action réflexive se rejoignent toutes pour former une prise de conscience globale, du soi à la peau et de la peau au soi. La pratique du yoga devient alors spirituelle.
« Āsana » signifie posture, c’est-à-dire l’art de mettre l’ensemble du corps dans une position physique, mentale et spirituelle. La posture a deux aspects, la pose et le repos. Qui dit pose dit action. Prendre une pose, c’est prendre une position donnée des membres et du corps selon l’āsana particulier qu’on exécute. « Repos » signifie réfléchir sur la pose. La pose est repensée et réajustée afin que les différents membres et les différentes parties du corps soient mis à leur place appropriée dans un ordre correct et se sentent reposés et apaisés, tandis que le mental connaît la tranquillité et le calme des os, des articulations, des muscles, des fibres et des cellules.
En réfléchissant sur quelle partie du corps travaille, quelle partie du mental travaille, et quelle partie du corps n’a pas été pénétrée par le mental, on amène le mental à s’étirer comme le corps. De même que le corps se contracte ou s’étire, de même l’intelligence se contracte ou bien s’étire pour atteindre chaque partie du corps. C’est ce qu’on appelle être en état de repos ; c’est une question de sensibilité. Quand cette sensibilité est mise également en contact avec le corps, le mental et l’âme, on est dans un état de contemplation ou de méditation appelé āsana. Les dualités entre le corps et le mental, le mental et l’âme, sont vaincues ou détruites.
La structure de l’āsana ne peut pas changer puisque chaque āsana est en lui-même un art. On doit étudier chaque āsana arithmétiquement et géométriquement afin de dégager la forme réelle de l’āsana et de l’exprimer dans la présentation. Le poids du corps doit être également distribué dans les muscles, les os, le mental et l’intelligence. Résistance et mouvement doivent être équivalents. Bien que l’exécutant soit un sujet et l’āsana un objet, l’āsana doit devenir le sujet et l’exécutant l’objet, afin que tôt ou tard l’exécutant, l’instrument (le corps) et l’āsana ne fassent plus qu’un.
Comme les feuilles ventilent l’arbre et lui procurent de la nourriture pour qu’il pousse bien, le prāṇāyāma nourrit et ventile les cellules, les nerfs, les organes, l’intelligence et la conscience de l’organisme humain. Quand nous faisons un āsana, nous ne pouvons étirer le corps au maximum que si nous synchronisons le souffle et le mouvement. « Prāṇa » veut dire énergie, et « āyāma », création, distribution et conservation. Le prāṇāyāma est la science du souffle qui conduit à la création, à la distribution et à la conservation de l’énergie vitale.
Quand nous retenons notre souffle, le cerveau se raidit ; comment trouver alors la paix du corps ?
Philosophiquement parlant, l’inspiration est le mouvement du soi pour entrer en contact avec la périphérie : le centre de l’être se déplace avec le souffle et vient toucher la couche interne de la peau – l’ultime frontière du corps. C’est le processus d’aller, ou évolutoire, de l’âme. L’expiration est le trajet de retour : c’est le processus involutoire, où le corps, les cellules et l’intelligence vont vers l’intérieur pour atteindre leur source, l’ātma, ou centre de l’être. Le prāṇāyāma est ce processus évolutoire et involutoire en chaque individu.
L’exécution des āsanas comprend deux voies ou chemins. L’un est le chemin évolutoire, expressif ou exhibitif qui mène le soi vers le corps, vers les pores de la peau, vers la périphérie. L’autre est le chemin involutoire, intuitif ou inhibitif dans lequel les véhicules du corps sont conduits vers le soi.
Quand nous faisons des āsanas, il nous faut apprendre à exprimer la forme et la beauté extérieures de la posture sans perdre notre attention intérieure. La peau est un organe de perception. Elle n’agit pas, elle reçoit. Toutes les actions sont reçues par la peau, mais si votre chair s’étire trop quand vous exécutez un āsana, la peau perd sa sensibilité et n’envoie plus aucun message au cerveau. En Occident, vous avez tendance à exagérer l’étirement. Vous voulez des résultats. Vous voulez que cela aille vite. Vous voulez réussir à faire la posture, mais vous ne sentez pas la réaction. La chair est tellement tendue que l’organe de perception est rendu insensible, et parce qu’il est devenu insensible, aucun écho de l’action ne parvient au mental.
Bellur Krishnamachar Sundaraj Iyengar est né en 1918 au sein d’une famille pauvre dans le village de Bellur dans l’État du Karnataka, en Inde du Sud.
Pendant l’épidémie de grippe mondiale de 1918, sa mère était aux prises avec la maladie et l’ on avait peu d’espoir qu’il survive ; il naquit faible, avec des bras et jambes maigres, un ventre protubérant et une grosse tête ; sa santé plus tard fut détériorée par des crises successives de malaria, de fièvre typhoïde et de tuberculose.
Quant il fut sur le point d’avoir neuf ans, son père mourut ; enfant chétif et maladif sans éducation, personne ne pouvant l’aider à recouvrer la santé, il dut passer davantage de temps au lit qu’à l’école et ses études en furent affectées.
Sa vie prit un tournant favorable en mars 1934 quand, à l’âge de 16 ans, il s’initie au yoga à Mysore, sous la houlette de Śri Tirumalai Krishnamacharya qui fut son guru et son beau frère, marié à sa sœur ainée ; celui-ci lui enseigna quelques rudiments d’asana pour améliorer sa santé et fit germer en B.K.S. Iyengar un vif intérêt pour le yoga ; il resta avec son guru durant deux ans.
Le 9 juillet 1943, il épouse Ramamani et quatre mois après leur mariage et sans aucune ressource, il fut envoyé à Pune
pour y enseigner le yoga à des jeunes gens dans un collège ; il aura cinq filles : Geeta, Vanitha, Suchitha, Sunitha et Savitha, et un fils : Prashan.
B.K.S. Iyengar eut des élèves célèbres tels que J. Krishnamurti, Jayaprakash Narayan, Achyut Patwardhan, Aldous Huxley, la reine de Belgique et Yehudi Menuhin. La rencontre décisive avec ce dernier en 1952 sera suivie de rencontres avec d’autres personnalités qui permettront à B.K.S. Iyengar de commencer à enseigner en Occident.
Après avoir passé toute sa vie à voyager et enseigner, effectuer des milliers de démonstrations et de conférences sans relache sur tous les continents jusqu’en 2011, en Chine, il a formé des milliers d’enseignants et inspiré à monter des centres de yoga qui diffusent son art dans le monde entier.
Il nous a quitté ce 20 Aout 2014 dernier, dans sa 96ème année. Il estimait que l’âge ne devait pas empêcher la pratique du yoga et continua à faire ses exercices d’asanas et de pranayamas jusqu’à la fin de sa vie. Il écrivait que la mort est inévitable, mais qu’il n’y pensait pas.
“La naissance et la mort se situentau-delà de la volonté humaine. Elles ne sont pas de mon domaine. La complexité de la vie de l’esprit prend fin avec la mort, et avec elle toutes les joies et les peines. Lorsque vous êtes déjà affranchi de cette complexité, la mort est douce et naturelle.”
Un véritable yogi ne meurt pas avant sa mort, soutenait B.K.S. Iyengar. Sa vie en était la preuve.